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Tr@ces de Conteurs a interviewé Alain Gaussel qui, depuis plus de trente ans, colporte ses histoires dans les cités des banlieues et les jardins de Paris. Voici le parcours original d'un homme hors du commun, attaché aux traditions du conteur d'autrefois.


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Tr@ces de Conteurs : Racontez-nous vos débuts dans le conte

Alain Gaussel : Il faut remonter à moi enfant, en tant qu'auditeur et lecteur. Ma grande mère était russe, elle était bibliothécaire, à la Bibliothèque Russe de Paris. Elle me lisait et elle m'a fait lire… Je lisais ces livres pour enfants du XIXe siècle avec des illustrations extraordinaires et ensuite des livres de la période soviétique qui étaient très beaux. Je pense que tout ça a joué beaucoup. Ma mère me lisait beaucoup d'histoires, au moins une histoire tous les soirs et ma grande-mère aussi. Quand j'étais petit, je lisais beaucoup, donc j'ai commencé par être un lecteur d'histoires et puis j'ai commencé à écrire très tôt… A un moment donné, j'avais un lot d'histoires emplie en moi…
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Tr@ces de Conteurs : Pourquoi vous associe-t-on à la rue et aux quartiers ?

Alain Gaussel : Parce que c'est ma spécialité, c'est surtout comme ça que j'ai commencé à raconter... Quand je suis venu m'installer en soixante-dix à l'Ile Saint Denis, je suis allé à la bibliothèque avec mes petits carnets plein d'histoires pour lire aux enfants. Et ensuite, quand je me promenais dans la rue et que je rencontrais des gosses qui m'avaient vu à la bibliothèque, ils me redemandaient les histoires... et c'est là que j'ai commencé à raconter dehors et sans mes calepins.... Ce que j'aime le plus c'est de raconter comme ça, des choses non programmées, un peu à l'improviste, à des petits groupes. Je raconte aussi dans les bibliothèques et les écoles, mais mon originalité par rapport à la plupart des conteurs est effectivement ce système de "racontage" non annoncé à l'avance et dans des lieux extérieurs. Et j'aime revenir ! Il m'arrive parfois de raconter aussi dans une station de métro une petite histoire courte s'il y a une classe qui s'y balade... Par exemple "l'histoire des trois chats", en plus elle est bien et je sais que je peux attaquer sur une station de métro.
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Tr@ces de Conteurs : Pourquoi raconter dans la rue ?

Alain Gaussel : D'abord parce que j'aime être dehors. Je suis plus à mon aise dehors qu'entre quatre murs et parce que je trouve que c'est intéressant de prendre les gens là où ils sont, surtout dans les cités. Quand je retrouve des gosses qui sont en train de jouer dans les cages d'escalier de leur immeuble, ou dans le bac à sable de leur square habituel, là ils sont chez eux, ils sont à l'aise. Ensuite ils sont libres, ils peuvent écouter, s'en aller ou revenir... ça implique des conditions qui sont parfois un peu difficiles sur le plan sonore, comme ne pas pouvoir utiliser le silence. Il y a une série de choses comme ça effectivement... Mais à côté de ça, écoutent ceux qui ont envie d'écouter, le temps qu'ils veulent écouter, l'histoire qu'ils veulent écouter. Il y a une grande liberté, et en même temps je suis aussi plus à mon aise, je préfère être dehors qu'être enfermé. Et l'aspect imprévu, la surprise de voir arriver quelqu'un dont on ne sait pas bien d'où il vient… il y a cet élément "mystère" qui doit ajouter un plus, je suppose.
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Tr@ces de Conteurs : Certaines personnes disent que vous êtes le dernier des conteurs…

Alain Gaussel : Je crois que c'est ma façon de faire, qui consiste à avoir un répertoire pas très important que je raconte de façon continue sur des années dans les mêmes lieux, qui est sans doute assez proche de ce qu'était le conte traditionnel dans les villages. Cela permettait aux gens de se faire leur propre répertoire. À force de les avoir entendus, certains se mettaient à raconter aussi. Dans la pratique actuelle du conte professionnel, ça ne se passe pas comme ça. Les gens font un spectacle qu'ils vont peut-être sortir dans plusieurs lieux, c'est sûr, mais ils ne reviendront pas dix fois au même lieu raconter les mêmes histoires. Je pense qu'une des forces du conte est la répétition et ça se perd un peu… Une salle de spectacle ne va pas accepter, sauf exception, qu'un conteur vienne six ou sept fois raconter les mêmes histoires.
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Tr@ces de Conteurs : Vous vous définissez comme un conteur amateur…

Alain Gaussel : Effectivement j'interviens bénévolement. Disons que la différence entre "conteur-amateur" et "conteur-professionnel" est liée uniquement au problème de l'argent. Par exemple au niveau fréquence de " racontage ", je raconte sûrement plus que les conteurs professionnels... Cela dit, il y a des conteurs professionnels qui racontent beaucoup mieux que moi, car ils ont suivi des formations.... Moi, de tendance, je suis un peu flémard et je ne suis pas du tout perfectionniste. Du moment où ça marche, je ne cherche pas à être le conteur parfait, à vouloir m'améliorer. Parce que pour moi, conter est quelque chose de très simple. C'est une façon de parler, ça fait partie du quotidien. Je suis un peu comme les conteurs, qui racontent en famille. Donc je ne sacralise pas le conte, je ne considère pas que ce soit un art. Il peut être un art mais l'aspect art m'importe peu. C'est plutôt l'aspect forme de communication, forme de langage, forme d'échange, de communion qui est important pour moi... Il y a un style très particulier de communication dans le conte. Il y a deux façons de conter qui sont assez différentes l'une de l'autre. Il y a le conteur professionnel qui n'a pas le contact direct avec le public. Il est dans une situation qui est, je dirais, un peu théâtralisée. Et puis il y a le conteur familial, ou le petit conteur des veillés comme autre fois, qui a un public moins important autour de lui, avec un contact direct et la possibilité d'être interrompu, de faire autre chose en même temps.... Et moi je suis dans cette catégorie-là.
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Tr@ces de Conteurs : Qu'est ce que vous aimez le plus dans le conte ?

Alain Gaussel : Je pense que c'est un ensemble de choses. Le contact avec le public, comme je l'ai déjà dit, est extrêmement important pour moi. Il y a aussi cet aspect "rapport à la ville", "rapport au lieu". J'étais souvent mal à l'aise à cause de cet aspect touriste ou voyeur qu'on a quand on se balade dans un quartier qui n'est pas le sien. Depuis que tous ces quartiers sont des quartiers où je vais raconter, je suis beaucoup plus à mon aise, même si je n'y vais pas pour raconter, car effectivement je fais partie du quartier. Il y a bien sûr le texte, le plaisir de la langue, le rythme. Je suis presque plus sensible au rythme de la phrase, à la sonorité qu'au texte lui-même. Il y a aussi un plaisir physique de la voix, de la respiration, j'ai toujours aimé les choses respiratoires, comme courir, pêcher, piocher... Puis quand je raconte dehors il y a vraiment un plaisir visuel. J'ai devant moi, au premier plan, des enfants qui sont en train d'écouter une histoire… regarder une photo d'enfants en train d'écouter une histoire c'est vraiment très, très joli. Derrière, il y les arbres, le ciel… C'est tout un ensemble.


 

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